De nombreux pays développés ont mis en place des dispositifs d’indemnisation du chômage depuis le milieu du XXe siècle. Les prestations chômage sont financées par les cotisations sociales (des contributions versées par les salariés et leurs employeurs) appelées aussi en France cotisations de Sécurité sociale.
Ces institutions peuvent exercer des effets négatifs en contribuant au chômage structurel :
- Les cotisations sociales alourdissent le coût du travail pour les employeurs : elles constituent donc un frein à l’emploi, notamment pour les moins qualifiés ou les jeunes sans expérience, dont la productivité marginale est alors inférieure au coût marginal du travail. C’est pour cette raison, vous le verrez dans la section suivante, que la France a allégé, voire exonéré, les cotisations sociales sur les bas salaires ;
- L’indemnisation chômage entretient un chômage volontaire selon les néoclassiques et les libéraux : elle désincite les chômeurs à offrir leur travail si le salaire est jugé trop faible. Par exemple, Arthur Cecil Pigou (économiste anglais, 1877-1959) et Jacques Rueff (économiste français, 1896-1978), qui s’inscrivent dans la tradition néoclassique, incriminent la mise en place de la dole, indemnisation chômage instaurée en 1911 pour expliquer la persistance d’un chômage de masse pendant les années 1920 au Royaume-Uni ;
- L’indemnisation chômage allonge aussi le délai d’appariement entre l’offre et la demande de travail : dans un contexte d’information asymétrique, plus l’indemnisation du chômage est généreuse, plus l’incitation à allonger la durée de la recherche d’emploi est forte, et plus le taux de chômage structurel peut être élevé.
Cependant, les cotisations sociales et l’indemnisation du chômage ont également des effets positifs :
- Les cotisations sociales servent à financer les dépenses publiques de santé, de retraite, et l’assurance-chômage. En contrepartie des cotisations versées, les prestations maladie, les prestations chômage et les pensions de retraite garantissent un revenu de remplacement aux individus involontairement privés d’emploi, ce qui permet de soutenir la demande, la croissance et l’emploi ;
- Les inégalités et la pauvreté sont également moindres dans les pays développés dotés d’une protection sociale généreuse : dans ces pays, les inégalités et la pauvreté ont moins fortement augmenté que dans les autres pays développés à la suite de la crise de 2008 ;
- L'assurance chômage permet de financer l'activité de recherche d'emploi des travailleurs, activité couteuse du fait de l'imperfection de l'information sur les postes vacants et qui correspondent bien à leur productivité ;
- Par ailleurs, cette logique d’assurance contre les risques liés à la maladie, au chômage et à la vieillesse sécurise les salariés : se sachant protégés, ils sont plus productifs et davantage capables d’innover, ce qui se traduit par des gains de compétitivité pour les entreprises ;
- Des phénomènes de trappe à chômage ou à pauvreté ont également été mis en évidence.
Finalement, selon la théorie néoclassique et le courant libéral, les institutions agissent comme des rigidités sur le marché du travail, en empêchant l’autorégulation du marché du travail et le retour à l’équilibre : elles contribuent donc à la persistance d’un chômage structurel. Cependant, chacune des institutions que nous avons étudiées exerce aussi des effets positifs sur l'emploi, d’où l’existence d’un débat quant aux effets de ces institutions.